Mauvaise nouvelle : les prix de l’électricité ne risquent pas de baisser de sitôt

Mauvaise nouvelle : les prix de l'électricité ne risquent pas de baisser de sitôt

28 juillet 2021

Les tarifs réglementés de vente vont légèrement augmenter en août. Depuis dix ans, la facture n’a cessé de s’alourdir et cela risque de durer.

La facture d’électricité pèse lourd sur les dépenses des ménages, environ 1.800 € annuels pour un couple vivant dans une petite maison. Et cette dépense incompressible va encore augmenter, après des années de hausse. En onze ans, la facture s’est alourdie de 46 % pour un client résidentiel au « tarif bleu », l’un des tarifs réglementés de vente (TRV) fixé par la commission de régulation de l’énergie (CRE), le régulateur du secteur. Après une hausse de 2,4 % en février, le TRV de l’électricité va gagner 0,48 % en août, après une hausse déjà spectaculaire de 6 % en 2019. Vingt-deux millions de foyers sont concernés.

Taxes et concurrence

Une partie de l’augmentation de la décennie passée est imputable à l’augmentation des taxes. Parmi celles-ci, la contribution au service public de l’électricité a quasiment triplé entre 2012 et 2016. Elle sert notamment à financer les énergies renouvelables. Ces dernières années, ce sont plutôt les composantes réseau (l’entretien et le raccordement du renouvelable) et fourniture qui ont sensiblement augmenté. L’ouverture à la concurrence pour la distribution d’électricité a aussi fait grimper la facture. Les fournisseurs doivent désormais faire face à un cahier des charges plus strict : ils sont tenus de participer à l’effort de maîtrise de l’énergie (en conseillant leurs clients et en subventionnant les équipements plus efficaces) et de prévoir des mécanismes de capacité, qui les obligent à augmenter leurs stocks pour survenir aux besoins électriques en cas de pic de consommation. Toutes ces charges supplémentaires sont prises en compte pour fixer le tarif réglementé de vente. C’est la méthode « par empilement de coûts », résume le directeur général de la CRE, Dominique Jamme. En bref, le tarif de vente ne doit en aucun cas être inférieur aux coûts de fourniture. « S’il est trop bas, c’est de la vente à perte et personne ne pourra venir concurrencer. »

Une forte hausse à venir

Ces augmentations ne font que débuter.

Une hausse supérieure à 5 % pourrait être proposée en janvier prochain. Ce sera au gouvernement de trancher. « Le gouvernement va-t-il prendre le risque d’avoir une hausse aussi conséquente à quelques mois de la présidentielle ? ».Et même si l’exécutif laisse passer l’orage, un rattrapage aura tout de même lieu à un moment ou à un autre. Si le tableau est sombre pour les prochains mois, il ne devrait pas s’éclaircir dans les prochaines années. La reprise économique et la menace d’inflation au niveau mondial devraient doper le prix des matières premières. L’électricité aussi, premier des ressorts de la croissance mondiale. Côté français, les prochaines années n’invitent pas au sourire. « On entre dans un nouveau cycle d’investissements : dans la production d’énergie renouvelable, l’entretien du parc nucléaire et du réseau. Plus de 100 milliards d’euros d’investissement cumulé », indique le directeur général du régulateur français de l’énergie.

Parmi les moins chers en Europe

Certes, la facture d’électricité s’alourdit. Mais dans les années 80, la France connaissait aussi la vie chère. Il s’en est suivi vingt ans de baisse, dont dix compensés par des augmentations de taxes. Hors taxes, « le niveau actuel des TRV de l’électricité est égal, en euros constants à celui de 1998 », s’enorgueillit la CRE dans un dossier sur le prix de l’énergie. Il est aussi un fait : l’électricité en France est bien moins chère que chez ses voisins. Les foyers allemands paient environ 75 % de plus. « La rente nucléaire continue de bénéficier au consommateur français ». Mais là encore, le prix de l’électricité nucléaire (plafonné et ouvert aux fournisseurs alternatifs) devrait être réévalué fortement à la hausse, afin de financer l’entretien du parc et son éventuelle prolongation de vie. Tous les indicateurs sont au rouge et il va falloir donc se résoudre à vivre dans une ère d’électricité chère. Le seul moyen de maîtriser ses factures, c’est encore de réduire sa consommation.

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