Superéthanol : cinq questions sur le « carburant du pouvoir d’achat » ?

Superéthanol : cinq questions sur le "carburant du pouvoir d'achat" ?

31 Janvier 2021

CARBURANT – Le succès à la pompe du superéthanol E85 ne se dément pas. Quelles économies à la clé, comment adapter sa voiture et en quoi est-il bon pour la planète ? Le tour de la question.

Ses ventes ont encore augmenté l’an dernier. Les volumes de superéthanol E85 écoulés en 2020 ont grossi de 4%. Dans le même temps, la consommation des autres carburants routiers a, à l’inverse, chuté de 15% en raison de la baisse de la circulation automobile due aux confinements et restrictions sanitaires. Ce carburant en grande partie d’origine végétale grignote chaque année du terrain auprès des conducteurs, selon un bilan annuel publié ce mardi 26 janvier 2021 par la Collective du bioéthanol, qui regroupe des acteurs de la filière.

Avec ses 350 millions de litres vendus l’an dernier, le superéthanol reste cependant encore très minoritaire face aux essences et au gazole (qui représente à lui seul les trois quarts du total). Le nouveau venu néanmoins en pleine croissance en France se veut bénéfique à la fois pour le porte-monnaie et pour la planète. Présentation.

Qu’est-ce que le superéthanol E85 ?

Le superéthanol E85 est composé principalement de bioéthanol, cet alcool éthylique issu de la fermentation de sucres contenus dans des végétaux : racines de betteraves sucrières, grains de céréales, tiges de canne à sucre. Ce bioéthanol est mélangé dans des proportions variables aux différents types d’essences avant d’être distribué dans les stations-service. Sa part, de 60% à 85% du produit final, est de loin la plus importante. À noter que la proportion de bioéthanol atteint jusqu’à 7,5% dans le SP95 et le SP98 et jusqu’à 10% dans le SP95-E10.

Est-il vraiment moins cher ?

Surnommé « le carburant du pouvoir d’achat » par les professionnels du secteur, le superéthanol E85 se vendait à la pompe à 0,66 euro le litre en moyenne pendant la troisième semaine de janvier 2021. À titre de comparaison, au même moment, le super SP95-E10 s’affichait en moyenne à 1,41 euro, le super SP95 à 1,42 euro et le super SP98 à 1,48 euro. S’il revient donc plus de deux fois moins cher au litre que les autres essences, il ne permet pas pour autant de diviser la facture par deux. Car rouler au superéthanol consomme environ 25% de carburant en plus.

Concrètement, l’économie représente par exemple 38 euros par mois, soit 454 euros par an, pour un automobiliste parcourant 13.000 kilomètres par an au volant d’un véhicule consommant 6l/100 km et qui passerait du SP95-E10 au superéthanol E85. Ce chiffre est donné par Bioethanocarburant.com, le site de la Collective du bioéthanol. Libre à vous d’effectuer la simulation avec vos paramètres.

Peut-on l’utiliser avec toutes les voitures ?

Non, tous les moteurs ne peuvent pas être alimentés par du superéthanol E85. Pour rouler avec ce carburant, deux solutions : soit le véhicule est « flexfuel » d’origine, soit il faut lui ajouter un boîtier de conversion E85 homologué par l’État. Ces travaux sont facturés en moyenne 1000 euros tout compris (de 700 à 1600 euros selon le centre de montage, la voiture et le boitier choisis). Une dépense dont il faut tenir compte pour savoir au bout de combien de temps cette installation peut être rentabilisée. Dans le cas pris en exemple au point précédent, ce coût sera donc amorti en deux ans et deux mois.

La pose doit être effectuée par un installateur agréé et des centres de montage. Il existe cependant des limites techniques : cette adaptation n’est possible que s’il s’agit d’un véhicule ayant un moteur essence (la conversion n’est pas possible avec un diesel), ayant été mis en circulation après l’année 2000 et dont la puissance est inférieure à 14 CV. À noter que la filière demande aux pouvoirs publics d’autoriser la conversion des véhicules de 15 CV et plus. Il convient en outre de faire modifier sa carte grise.

Où le trouver pour remplir son réservoir ?

Ce biocarburant n’est disponible que chez certains pompistes. Même si leur nombre ne cesse de croître pour atteindre actuellement 2305 points de vente (contre 1740 un an plus tôt), le maillage du territoire reste encore relâché. Cela ne représente en effet pour l’instant qu’un quart des stations-services que compte la France.

Pourquoi est-il bénéfique pour l’environnement ?

Cette énergie issue des plantes, qui présente donc l’avantage de se substituer à l’énergie fossile, permet de réduire de 50% les émissions de CO2 et de 90% celles de particules fines par rapport aux essences classiques, selon les chiffres avancés par la filière. Autre argument, le bioéthanol est produit en France, sachant que l’Hexagone est le premier producteur européen d’alcool agricole. Ce carburant a cependant aussi des détracteurs, qui lui reprochent à l’échelle mondiale d’utiliser des terres agricoles qui pourraient servir à produire des plantes destinées à l’alimentation.

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